Introduction
Après publication de bons résultats semestriels fin août 2020, la banque décide de relancer les transactions en certificats à partir du 13 octobre. Elle accompagne cette opération d’une augmentation de capital avec achat de certificats à 84 €, avec discount de 2 €, pratique commerciale déjà opérée de longue date.
Une relance avortée
« Malheureusement », la banque plaque sur les ordres de vente une limite de 5 000 € / semaine. N’importe quel psychologue de comptoir réagira instantanément en confirmant qu’établir une limite, c’est renforcer le sentiment de panique, et donc, vendeur. Il faut savoir que si cette décision totalement illogique mais justifiée d’après Triodos par un risque de saturation du buffer (on y revient) a été prise en juin, c’est-à-dire à un moment où la Covid était encore dans tous les esprits, en octobre, les cours boursiers étaient déjà bien remontés ! Le cours de la Sicav mixte neutre de Triodos avait même refait sa perte de mars, et la Sicav Pioneer était 7 % au-dessus du plus bas de janvier ! On ne peut donc pas dire que le climat boursier était morose.
Problème n° 1
Or, que nous dit très vite la banque ? Que les vendeurs sont toujours trop nombreux ! À quoi est-ce dû ? Elle ne le sait pas. Y a-t-il des vendeurs institutionnels ? Elle ne peut le dire. Les résultats sont bons, la bourse remonte à tout va, la campagne d’augmentation de capital trouve des acheteurs et la banque a augmenté le buffer à 3 % pour passer à 36 millions. Et malgré tout cela, les vendeurs sont toujours majoritaires. Que fait-elle le 27 octobre pour remédier au problème ? Elle diminue la limite des ventes à 1 000 € / semaine. Arrêtez-moi si je me trompe, mais n’avez-vous pas le sentiment qu’il y a quelque chose qui cloche ? On aurait voulu torpiller le modèle de cotation interne qu’on ne s’y serait pas pris autrement.
Conclusion : le 5 janvier 2021, la banque annonce le nouvel arrêt des transactions, tout en stipulant déjà que ce modèle d’échange sent le sapin. On sent la pugnacité molle. Mais au fait, pourquoi le 5 janvier, et pas mi-décembre, par exemple ?
Problème n° 2
La date d’arrêt des cotations début 2021 n’a semble-t-il retenu l’attention de personne et la banque nous trouvera très certainement une excellente raison pour en avoir décidé ainsi. Il faut pourtant bien constater que ce petit saut d’une année fiscale aura une conséquence immédiate : la non-publication de la valeur économique du certificat. C’est loin d’être innocent (j’y reviens dans l’article La fair value).
En attendant, la banque postpose de quasi un an une publication (très) sensible qui ne passera pas inaperçue et qui aura des implications importantes. Pur hasard.
Problème n° 3
J’ai quand même un problème certain avec cette annonce comme quoi les vendeurs sont toujours au portillon. En effet, si l’on regarde l’évolution du fameux buffer, on constate qu’entre octobre et décembre 2020, il diminue ! Ce qui est normal, les vendeurs étant limités dans leurs ventes.
Mais… la banque disposant des moyens réglementaires pour prendre toute décision, pourquoi n’a-t-elle pas poursuivi cette politique de limitation à la vente, histoire de calmer le jeu dans un marché en hausse ? Faut-il voir là son incapacité à lever des fonds, notamment auprès d’institutionnels ? La question n’est pas innocente quand on sait que cette levée de fonds auprès de gros porteurs a encore été mise en avant par la banque pour justifier un soutien au cours boursier du certificat. Beaucoup, et j’en suis, pensent que Triodos a bien du mal a inviter des petits camarades à venir jouer avec elle. Ce discours de camarades, la banque nous l’a resservi dès juin 2023, arguant qu’elle recherchait activement des institutions capables d’acheter des certificats et soutenir le cours. Et bien, les petits gars, hier comme aujourd’hui, ils sont bien cachés, c’est sûr. Tellement bien que plus d’un a voulu quitter la partie, et ne pas la rejoindre avec des règles encore plus flippantes.
Problème n° 4
Où sont les vendeurs ? Annoncés comme une nuée de sauterelles sur les champs égyptiens, que constate-t-on sur Captin ? À peine 25 % des détenteurs auraient un compte et les transactions représentent +/- 0,15 % du capital de la banque. Une paille. Pourtant, on nous avait gentiment signalé que la majorité des vendeurs de 2020 étaient Hollandais. Or, ce sont les premiers qui ont pu s’inscrire sur Captin. Et combien y a-t-il eu de titres échangés lors de la première cotation ? 20.000 ! Sur 14.000.000 de titres, on va dire que ce n’est pas le bout du monde. Et les volumes suivants tourneront autour de 10.000. N’y aurait-il pas un léger problème entre communication et réalité ? Alors, si les vendeurs ne sont pas des particuliers, qui sont-ils ?