Introduction
L’affaire des certificats pose énormément de questions sur les pratiques bancaires et managériales, et certainement au regard d’une banque présentée comme durable. Ce qu’elle est dans ses actes quotidiens, ce qu’elle n’a pas été et continue avec pugnacité à ne pas être dans sa gestion des certificats. À moins d’être d’une mauvaise foi crasse, n’importe quel lecteur de ce dossier aura compris que nous n’avons pas affaire à des petits joueurs.
Il est manifeste que le management a pris ses actionnaires en otages pour sauver sa peau du piège potentiel dans lequel elle était enferrée. En tout cas au vu de son service de Risk management et des autorités de contrôle.
Un changement de nature
Par ses opérations abracadabrantesques, ses avancées et ses reculades, ses atermoiements et ses coups de force, appuyés par sa communication délétère devenue incompréhensible pour le commun des mortels, c’est-à-dire la plus grande partie des détenteurs, la banque a su avancer vers le point de ralliement qu’elle s’était sans doute fixé dès le départ, le MTF, sans trop savoir comment y arriver. Mais ce MTF était-il le but ? Le choix communiqué en mai 24 de s’orienter vers Euronext laisse dubitatif.
Par là même, elle nous a emmenés vers un terrain de jeu complètement différent de celui auquel nous avions accepté de nous rendre. Elle a fondamentalement et de sa propre initiative modifier les règles du jeu en se parant de l’impossibilité de faire autrement. Ce qu’elle a refusé de démontrer publiquement, malgré nos appels officiels à le faire. Si l’on compare avec ce qui a été énoncé au début de ce rapport, le changement est flagrant :
- toujours pas de rendement ou de capital garantis, mais encore moins ;
- un historique d’évolution de cours fluctuant ;
- une politique de dividende renforcée, sans qu’elle ait été demandée ;
- une perte en capital de 2/3 en cas de vente ;
- une cotation externe basée sur l’offre et la demande, complètement décorélée de la valeur de la banque ;
- une valeur qui ne pourra pas rejoindre la valeur comptable puisque la banque elle-même a implicitement décrété que c’était la fair value (décotée de 30 %) qui devait faire référence ;
- une transaction basée sur des enchères aléatoires ;
- une absence de garantie quant à pouvoir effectuer une transaction réelle ;
- un renforcement de l’aspect spéculatif, reniant complètement a philosophie originelle de la banque ;
- un abandon complet du financement direct de la banque, au profit du MTF et du vendeur.
Le problème fondamental
S’il ne faut retenir qu’une énorme faute dans cette affaire, ce n’est pas la modification de la nature même du placement qui aujourd’hui attire plus les spéculateurs que les investisseurs prudents. On voit en effet arriver petits à petits les calculateurs qui se disent qu’un rendement sur dividende très alléchant est possible 1C’est vrai ! Au cours actuel, et si la banque poursuit sa politique de dividende renforcée, le return pourra atteindre 10 à 15 % pour peu que le cours monte un peu. Inutile de dire que Triodos qui induit et du coup, favorise, ce genre de comportement d’achat, c’est du jamais vu, voire de l’existentiel !.
Non, ce qui est fondamentalement problématique, c’est que par abus de pouvoir, la banque a emmené son petit monde à l’abattoir, non sans avoir profité de la manne céleste et financière pendant des années pour assurer sa croissance. Et surtout, elle l’a fait sans JAMAIS proposer aux détenteurs une solution de rechange acceptable, leur permettant de choisir de passer ou non d’un système à un autre. Ce choix nous a largement été dénié et ce ne sont pas les quelques enquêtes dont la banque n’a pas tenu compte parce qu’elles n’allaient pas dans le sens prévus qui y changeront quelque chose.
Des solutions
Afin de ne pas nous faire taxer d’irresponsables inconséquents et de gueulards décérébrés, il nous faut quand même avancer des solutions pour résoudre cette affaire. Elles sont simples et sont au nombre de trois :
- Pour l’ensemble des détenteurs, abandon direct du MTF et retour à la casa Triodos. Si notre plainte auprès des autorités à vraisemblablement porté ses fruits par l’annonce de l’abandon de Captin, ce sera au profit d’Euronext, et cela risque fort d’être pire.
- Remise en route du buffer aux anciennes conditions, à savoir un arrêt en cas de limite atteinte, mais avec aménagements : système first-in / first out, blocage possible des vendeurs, éventuellement délai de détention minimal.
- Pour les détenteurs participants à l’action collective Trioforum : remboursement des certificats à la valeur intrinsèque.
Évidemment, les esprits chagrins diront non sans raison qu’il s’agit là de futilités, d’exigences impossible à tenir, de requêtes irréalistes. Peut-être. Mais ce n’est pas faute d’avoir, pendant plus de trois ans, via des détenteurs et autres groupements, envoyé à la banque des propositions concrètes afin de pouvoir sortir de l’auberge de la manière la plus cohérente possible. Or, tout a été systématiquement, diplomatiquement et hypocritement rejeté par Triodos. Le résultat est là devant nos yeux et ceux qui continuent à discuter avec la mémère feraient bien de prendre un peu de recul pour constater qu’ils n’ont pas avancé d’un pouce dans leur combat. Ce que Triodos a choisi est la pire des solutions possibles pour les détenteurs, particuliers en tout cas. Il serait d’ailleurs utile de savoir si, forts des conventions antérieures, les professionnels doivent eux aussi vendre via le MTF s’ils veulent se débarrasser de leur titres.
Et à défaut
Quoi qu’il en soit, si les points 1 et 2 ci-dessus ne conviennent pas à la banque, la solution minimale pour les détenteurs est le passage par une bourse ouverte. Cette solution (largement) par défaut ne pourra pas convaincre les vrais actionnaires d’une banque éthique (et c’est pourquoi nous la combattrons). Ils auront au moins plus de satisfactions pratiques et administratives avec cet outil qu’avec un MTF complètement inadapté à la cotation d’un titre bancaire. Et si Triodos doit y perdre de sa prestance et de son indépendance, elle ne pourra s’en prendre qu’à elle-même, c’est-à-dire blâmer des gens qui ont été payés pour « trouver » une solution bancale imaginable par n’importe lequel des commis de bureau de Triodos qui, en plus, n’aurait pas mis trois ans pour la sortir de son cerveau.
À ce propos, il est une quatrième solution qu’il faudra bien finir un jour par mettre en route : c’est l’éviction des responsables dont les décisions ont déjà coûté des ponts, en pure perte ! Conserver un semblant de dialogue avec des gens qui ne changeront de méthode qu’avec un fusil dans le derrière est une parfaite perte de temps. Ils ont largement montré que la vie des détenteurs passait bien après celle de la Banque. Continuer à discuter et à brasser du vent avec eux est une forme de mendicité dont je me passerai bien. Je me permettrai donc de laisser le syndrome de Stockholm à ceux qui veulent s’y vautrer.
Pour ma part, et parce que j’ai côtoyé, soutenu, financé et voulu un système bancaire différent et méritoire, fondé sur des valeurs de respect et d’efficacité, j’ai depuis longtemps décidé d’avancer.
- 1C’est vrai ! Au cours actuel, et si la banque poursuit sa politique de dividende renforcée, le return pourra atteindre 10 à 15 % pour peu que le cours monte un peu. Inutile de dire que Triodos qui induit et du coup, favorise, ce genre de comportement d’achat, c’est du jamais vu, voire de l’existentiel !