Courant mars, j’ai eu des échanges mail avec Fons van der Velden, Président de la SCTB. Je vous en donne ici rapport afin que vous puissiez comprendre pourquoi nous ne pouvons actuellement pas accorder nos violons.
Début mars, le Président m’a fait part de son intention de m’inviter à faire plus ample connaissance en personne afin de discuter de la situation actuelle de la Banque Triodos et à explorer les domaines dans lesquels nous pourrions collaborer.
L’avis de notre comité quant à l’utilité d’une telle rencontre a été négatif, mais, compte tenu de mon néerlandais très approximatif et d’une bonne volonté, j’ai suggéré que nous puisions nous rencontrer à Bruxelles chez notre avocat, parfait bilingue. La SCTB m’a signalé qu’elle aurait aimé me parler, en tant que représentant d’une importante organisation de la société civile, de mes antécédents, de mes motivations, de mes considérations et de mes propositions.
Ceux qui ont déjà tenté d’ouvrir des discussions avec la banque Triodos trouveront ici un langage identique. Dès lors, je n’ai pu que montrer mon étonnement, sachant que tout ce qui étant demandé se trouvait en réalité déjà et depuis longtemps sur le site du Trioforum. Et quels avantages aurions-nous pu trouver à discuter, et de quoi ? Les positions de la SCTB sont claires et nettes depuis le 10 janvier. Y avait-il un autre but à cette réunion ? Non, m’a affirmé le Président. Il ne pouvait donc y avoir qu’une fin de non recevoir vu l’inutilité du propos. La question du pourquoi reste quand même sur la table et, alors que la SCTB a conclu son accord avec Triodos, et pousse toutes voiles dehors la cotation sur Euronext, il ne faut pas être grand clerc pour comprendre les motivations de la Fondation.
J’ai donc envoyé la lettre ci-dessous :
Monsieur van der Velden,
Suite à la publication de votre dernière lettre, je me permets de revenir sur quelques points.
Tout d’abord, en lisant vos explications et prises de positions, je ne vois vraiment pas ce qu’une discussion entre nous aurait pu amener de positif. Celle-ci aurait au mieux eu lieu fin mars, mais ne me faites pas croire que vous auriez changé une seule ligne de votre lettre du 27 mars.
Par ailleurs, vous avez signalé antérieurement que les réclamations des détenteurs en justice étaient négatives car elles visaient à offrir un dédommagement à de petits groupes, au détriment de ceux qui visent un règlement global. Il est vrai que les fonds prélevés par voie de justice sont déduits du bénéfice de la banque et donc, limitent le potentiel du dividende pour tous pour une année donnée.
Or, vous avez conclu avec la banque l’accord à 10 €. Ceux-ci seront donnés à toute personne qui abandonne son droit de justice. Donc, ceux qui souhaitent conserver ce droit n’auront pas l’indemnité. Celle-ci a pourtant été envisagée comme une réparation pour les torts causés. De plus, cette offre oblige la banque à provisionner 101 millions, et il n’y aura de ce fait pas de dividende supplémentaire pour 2024 à payer en 2025.
Question n° 1 : Ceux qui refusent d’abandonner leur droit de justice ont-ils eu moins de torts que ceux qui vont accepter l’offre ?
Question n° 2 : Alors que ceux qui refusent l’offre n’auront pas d’indemnité, ils n’auront pas non plus de dividende, et cela pour permettre à un groupe moins restreint, mais pas global, d’obtenir 10 € / certificat. Que vous ne voyiez pas là un traitement inégal entre détenteurs m’étonne.
Question n° 3 : Avez-vous envisagé avec la banque de permettre aux gens refusant l’offre de percevoir un dividende ? Je n’ai rien pu lire à ce sujet. De fait, les acteurs en justice sont donc pénalisés deux fois.
En l’état actuel des choses, je dois constater que vous avez accepté pour vous-même une pratique que vous n’avez pas tolérée pour les autres. Étant donné votre élan envers la solution Euronext et votre soutien inconditionnel à celle-ci, j’aimerais savoir si vous prendrez vos responsabilités juridiques et financières si d’aventure elle se révélait aussi catastrophique que Captin.
Enfin, je me pose une question par rapport au cas que vous envisagez d’un détenteur qui refuse les 10 € mais qui signe l’accord. Pourquoi pas, finalement ? Il est vrai que ce faisant, un détenteur aide la banque à mieux tenir la route par une moindre dépense. Il agirait donc ainsi pour l’ensemble du groupe. Or la SCTB a répété à l’envi qu’elle représente toujours les intérêts de tous les détenteurs de certificats d’actions et que son deuxième objectif, depuis sa création, a toujours été de s’efforcer d’assurer la continuité des fonctions bancaires durables et sociales que la Banque Triodos remplit. Puis-je espérer dès lors que vos membres et vous-même opterez pour une acceptation de l’accord en refusant les 10 € ? Je vous remercierais de ce geste qui montrerait toute la cohérence de votre propos.
Cordialement,
Il est à noter que je n’ai évidemment pas eu de réponse à cette missive. Pas plus d’ailleurs que je n’ai reçu de réaction concernant ma proposition de cotation alternative (rapport Retrouver la lumière). Or, tous les détenteurs qui en ont pris connaissance m’ont confirmé la pertinence du propos et leur souhait de voir cette solution approfondie. Mais ni la SCTB, ni la SAAT et encore moins Triodos n’ont eu la bonté de m’envoyer un commentaire détaillé permettant de réfuter cette solution. Elles ne l’ont pas plus fait pour les autres formules possibles.
Je reste donc sur ma position : la SCTB est le dindon de la farce. Ce serait drôle si elle n’embrigadait pas son petit monde avec elle. Qu’elle puisse croire qu’après trois ans de discussions, comme elle le signale elle-même dans son rapport 2024, elle soit enfin arrivée à un accord avec la banque est du plus haut ridicule. Si la banque avait vraiment voulu opter pour une reconnaissance des fait et une réparation, elle aurait pu le faire bien plus tôt. Si cela se passe maintenant, c’est pour une raison précise : il faut rendre la mariée la plus belle et la plus propre possible avant de se présenter devant l’hôtel d’Euronext. Elle a trouvé en la SCTB un parfait pigeon.
Et si la SCTB pense que l’indemnisation de 10 € est une victoire, elle se fourre le doigt dans l’œil. La banque en lâche moins qu’elle ne le laisse paraître puisqu’elle économise un dividende ! De plus, l’indemnisation se fait sous condition : drôle de cadeau ! Croyez-moi sur parole : le coût de l’opération a été calculé au plus juste pour que l’entrée sur Euronext puisse se faire dans les meilleures conditions. Pour autant que le marché soit bon, bien sûr. Et ça, ce n’est pas encore gagné !