La question n’est pas idiote, en ce compris pour les détenteurs actuels, et mérite réflexion.
Acheter pour se refaire
Si vous êtes détenteur et même si vous avez accepté l’offre à 10 €, vous savez que la Banque vous a trompé avec le sourire. Sans attendre le résultat des actions juridiques en cours, vous vous dites peut-être que vous pourriez vous refaire en achetant de nouvelles actions en bourse, si le cours évolue à la hausse. Avant toute chose, reportez-vous à notre article : Faut-il vendre ses certificats sur Euronext ? – Trioforum.
Acheter pour gagner
Le principe est que vous avez bon espoir que le cours monte, malgré nos indications dans l’article en lien ci-dessus. Nous pensions que le cours aurait pu monter en début de cotation, mais cela n’a pas été le cas. Notre mise en doute de la capacité de Triodos à rameuter ses amis institutionnels pour les convaincre d’acheter semble se vérifier. Mais il est aussi probable que la plupart des détenteurs n’aient pas encore ouvert de compte-titres, et encore moins fait le transfert des titres pour la vente (excepté ceux sur Captin). Ce qui veut dire que ces vendeurs vont sans doute venir progressivement. Ce qui aura un impact évident sur le cours. Si celui-ci baisse, il risque vraiment d’y avoir un sentiment de panique. En tout cas, si c’est le même que celui créé lors de la Covid, selon la Banque, cela devrait faire du dégât. En bon acheteur, cela ne vous effrayera pas, car vous pourrez acquérir des titres à bas prix pour du long terme. Une bonne affaire ? La question reste ouverte.
S’informer avant d’acheter
Quoi qu’il en soit, et sauf à ne rien retenir du passé, nous ne pouvons que conseiller à tout acheteur potentiel de bien lire le prospectus d’émission publié par la banque. Et pas que. Il y a aussi deux prospectus simplifiés qui doivent être passés à la loupe. Le fait que ce soit publié en anglais et que le document principal fasse 197 pages ne doit en rien vous faire espérer de pouvoir esquiver cette étape nécessaire. Il est donc bon de réfléchir très exactement à ce qui est en train de se jouer.
Dans sa brochure Triodos Bank – Depository Receipts – Retail Brochure 2025, la banque liste en page 13 et 14 tous les risques connus d’elle qui pourraient causer problème à votre investissement. Il y en a 30. Vous vous direz que c’est tiré par les cheveux et que la lecture rapide des brochures commerciales est suffisante. Elles sont d’ailleurs éditées par la banque et validées par les autorités de contrôle parce que tout le monde sait que lire le prospectus complet est hors de portée de l’investisseur lambda. C’est un leurre parfaitement scandaleux, mais légal.
Allons bon…
De fait, c’est un peu trop vite oublier que pour se tirer d’affaire et vous prendre en otage, Triodos s’est antérieurement défendue d’être fautive justement sur base de ces critères de risque publiés dans les anciens prospectus des certificats. Et soyons très clair : les tribunaux ont largement tendance à confirmer cette voie facile. Prenons le cas de la Cour suprême en Espagne. Nous ne lui reprochons pas d’avoir rendu un jugement négatif pour les détenteurs, mais d’avoir complètement nié le caractère essentiellement différent de ceux-ci et de ce pourquoi ils ont investi en certificats. Ce qui nous apparait réellement comme une faute professionnelle.
Naïveté bien ordonnée commence par elle-même
En attendant, ils sont naïfs ceux qui pensent que la banque (ou la SAAT) les défendra en cas de souci ultérieur avec les certificats. Outre que ceux qui ont pris les 10 € seront de la revue pour tout souci futur (ils ont signé pour ça), la banque ne protègera jamais que ses fesses, comme elle l’a toujours fait. Donc, celui qui veut acheter aujourd’hui doit prendre son avenir en main : soit lire complètement les informations fournies, soit s’en remettre à la chance.
Hélas…
Pour la chance, on repassera, le passé ayant montré que c’est une très mauvaise idée. Quant au prospectus, il ne sera malheureusement pas utile. Tout simplement parce que dans son analyse des risques, la banque en omet un, et des plus importants : elle-même ! Car à part quelques insensés organisé en troupeau bêlant de l’autre côté de la frontière, qui aujourd’hui peut réellement encore faire confiance aux dires et aux promesses de la banque ? Dès lors, ce n’est pas que nous ne conseillons pas d’acheter des certificats, c’est que nous ne pouvons pas le faire ! Cet avis tranché n’a rien à voir avec notre différend qui est amené au tribunal. Au niveau financier, nous ne croyons pas à une hausse fantastique. Au niveau juridique, c’est une simple question de bon sens, compte tenu des évènements passés. Et au niveau de la durabilité, il n’y a plus aucun intérêt à investir dans ces titres.
Laisser le Judas clos
Car ne l’oublions pas : nous n’avons pas payé pour voir notre banque cotée comme une vulgaire marchandise, avec toutes les dérives spéculatives qui seront son lot. De plus, en achetant un titre Triodos, nous ne soutenons même plus la banque financièrement pour booster son développement : nous achetons un certificat à un quidam qui le vend. Enfin, si un achat peut soutenir le cours et donc, l’image de la banque, il favorise aussi une politique capitaliste qui vise à faire croitre le rendement du titre, avec une recherche de pur profit. Si c’est pour faire ça, autant acheter un autre titre bancaire, plus gros, plus ancien, plus généreux, et avec un management moins tordu (certains diront moins incompétent). Et si quelqu’un me rétorque qu’il y a sans doute une bonne affaire à faire en achetant le titre Triodos à bas cours, je lui demanderai de savoir quand il a senti la nécessité de pervertir son âme pour 30 deniers.