Ça va remonter ! Patience !
#1
Bernard Poncé
07/09/2023


J’ai rencontré au salon Valériane à Namur quelques détenteurs de toute bonne foi qui, voyant le cours remonter sur Captin (après être passé de 50 à 22,5 €, puis à 40 €), s'imaginent que celui-ci va poursuivre sur sa lancée et, sans doute, retrouver les couleurs de la cotation comptable à 89 € (actuellement). C'est une illusion.

Comme le dit si bien votre ami Jeroen Rijpkema, CEO de Triodos : « Surtout au début, les prix pourraient être soumis à d’importantes fluctuations. De plus, on ne peut pas exclure que certaines enchères n’aboutissent à aucune transaction, par exemple en raison d’une offre insuffisante. » Ça, c’était le 5 juillet. Le 17 août, il précisait : « À ce jour, sept cycles de négociation ont eu lieu, au cours desquels il est apparu clairement qu'il faudra du temps avant qu'un nouvel équilibre entre l'offre et la demande ne soit trouvé. »

Le CEO parle d’équilibre, mais à quel niveau ? L’équilibre en question est par définition une idiotie dans un marché boursier puisqu’un cours représente l’équilibre atteint un jour donné entre acheteurs et vendeurs. Que ce cours soit de 20, 30 ou 100, c’est un équilibre ! Bref, le CEO se garde bien de faire référence à la valeur comptable qui est celle de tous les détenteurs ! Donc, si vous comptez sur la banque pour vous rendre le sourire et l’espoir, vous vous mettez le doigt dans l’œil. On peut aimer ça, pas moi. Pourquoi suis-je si affirmatif et caustique ?

D'abord parce que la banque elle-même, en fixant la fameuse valeur de marché à 59 € en décembre 2021, a admis que les valeurs bancaires cotées en bourse sont généralement décotées de 30 %. Donc, la valeur d’équilibre pour Triodos, c’est +/- 60 €. Pourquoi diable les cours s’envolerait-il à 90 € ?

Ensuite parce qu'en l'état, le nombre de détenteurs inscrits sur la plateforme est faible (+/- 30 %) et le nombre de ceux qui opérèrent des transactions l’est encore plus. Or, le nombre de transactions montre l’intérêt qu’on peut porter à un titre. Problème : on ne peut pas dire qu’il y a un engouement marqué pour ce titre. Et c’est bien normal : qui, en tout cas à l’extérieur des Pays-Bas, à envie d’aller ouvrir (difficilement) un compte Captin juste pour acheter un titre à problème ? La dernière cotation de ce mercredi 7 septembre le montre de manière éclatante : seulement 5.470 titres ont été échangés, soit 0,038 % des certificats ! Quand une très faible minorité décide pour tous, on appelle ça une démocratie africaine. L’investisseur un tant soit peu intelligent s’en méfie.

C’est pour tenter d’améliorer ce souci que le CEO a indiqué dans son communiqué du 17/08 : « Les détenteurs de certificats d’actions, la Banque Triodos et Captin ont collectivement intérêt à ce que la plateforme de négociation fonctionne bien, tant en termes de liquidité que de prix. La Banque Triodos est en discussion avec les détenteurs de certificats d’actions et Captin à ce sujet. » Tout en se remémorant le sens du terme « discussion » chez Triodos, on appréciera évidemment cette culpabilisation des détenteurs, moyen psychologique qui fait partie du discours de la banque depuis quelques temps déjà. C’est d’autant plus honteux que Triodos insinue ainsi que Captin est la seule (bonne) solution, ce qui est faux : le système proposé par Captin est défaillant et n’est pas adapté aux certificats, point barre.

Enfin, il y a une autre raison pour laquelle le nombre de transactions risque de rester anémique. De nombreux détenteurs font partie de ce que j'appelle le ventre mou de la banque. Il s'agit de personnes qui n'ont pas le désir de vendre et qui ont une connaissance des faits extrêmement restreinte. Bref, des gens qui, pour la plupart, n'ont aucune envie de s'intéresser plus avant à cette partie de leur patrimoine sur laquelle ils ont même fait une croix pour certains, se remémorant d'autres affaires de ce gabarit. Ce sont ces mêmes personnes qui se sont inscrites sur Captin, sans spécialement ouvrir de compte de transaction, simplement parce que la banque leur a dit de le faire (de la manière qu'on sait), pensant que si elles ne le faisaient pas, elles perdraient leurs titres ! Sans commentaires…

Ce ventre mou est une partie très importante du nombre de détenteurs. Et je ne pense pas qu’il va rejoindre tout de suite la plateforme pour effectuer une transaction. Ceci n’arrangera dès lors en rien l’attrait du titre. Oui, il faudra du temps pour retrouver ses niveaux d’achat. Il y aura bien sûr une différence entre les acquéreurs de la première heure dont le capital a gonflé avec les stockdividendes et ceux qui ont acheté à 84 € en décembre 2020. Mais tout le monde sera dans cette attente aimablement suggérée par un management fort peu délicat.

Conclusion : vous pouvez bien sûr croire que le cours du certificat va entamer une montée glorieuse au firmament des stars de la cote, aidé en cela par une plateforme de transaction performante et une banque où s’agitent des professionnels de la communication qui ont fait leur preuve. Vous pouvez… ou alors, vous rejoignez notre action collective pour tenter de bouger les lignes. Votre argent, votre choix. :-)
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